Zone de libre échange USA-UE : l’Europe trace des « lignes rouges »

Le « Marché le plus important de l’histoire », la « Zone de libre échange la plus vaste du monde », «l’Accord qui changera les règles globales du jeu sur la planète » - telles sont les évaluations faites récemment par les experts et les politiques au sujet de l’entente sur l’ouverture de négociations sur la zone de libre échange entre les Etats-Unis et l’Union Européenne intervenue au sommet du G8 à Lough Erne. La future zone de libre échange transatlantique a déjà été baptisée « l’OTAN économique ».

La rencontre informelle Etats-Unis-UE, qui a eu lieu à la veille du sommet du G8, a réuni le président américain Barack Obama, le président du Conseil de l’Europe Herman van Rompuy et le chef de la Commission Européenne José Manuel Barroso, qui a déclaré à l’issue de l’entretien que les pourparlers sur la zone de libre échange, qui doivent commencer le mois prochain, donneront le départ à « un travail commun d’importance stratégique ». Le locataire de la Maison Blanche s’est pour sa part réjoui de constater qu’à part le G8 les futures négociations sont soutenues aussi par les leaders d’autres pays de l’UE.

Il a exprimé la certitude que la future alliance économique sera aussi forte que les alliances diplomatiques et sécuritaires fonctionnant déjà. Comme l’a rappelé M. Obama, l’UE et les Etats-Unis sont « les plus grands partenaires économiques de la planète », générant près de la moitié du PIB universel.

Le journal d’affaires allemand Handelsblatt a annoncé que le parti Union-90/Verts a défini pour lui une « ligne rouge » dans le futur accord. Les Verts réclament la participation du Bundestag à la prise des décisions sur cette question, parce que l’aménagement de la zone signifiera pour les Européens un changement de politique dans la sphère sociale, en matière de protection de l’environnement, des données personnelles. Plus tôt, selon la presse, les parlementaires européens ont également tracé leurs « lignes rouges », en s’opposant aux futures concessions aux Etats-Unis sur les standards européens.

Les divergences dans les standards seront la principale pierre d’achoppement aux futures négociations, relèvent aujourd’hui de nombreux experts. Il s’agit de la disparité des tarifs douaniers et l’interdiction pour l’UE d’importer de la viande de bœuf, obtenue avec l’utilisation d’hormones, ce qui est considéré comme la norme aux Etats-Unis, ce sont aussi les questions de plus fortes subventions à l’agriculture dans l’UE. Et à la rencontre des ministres du Commerce de l’UE, tenue à la veille du sommet du G8, qui a donné le feu vert aux pourparlers, la France a insisté sur l’exclusion du futur accord de la production de l’industrie du cinéma et de la télévision, craignant l’intervention d’Hollywood. Et en général, conformément à l’étude réalisée par le Fonds Bertelsmann, les Etats-Unis obtiendront plus d’avantages de la future zone de libre échange. Ainsi, le revenu par habitant augmentera de 13 %, et en moyenne pour l’UE – de seulement 5 %. Ivan Rodionov, professeur au Haut Collège d’Economie,n’est pas enclin à surestimer la portée des prochains pourparlers.

« On ne peut pas dire pour le moment quel sera l’effet de la coopération entre les Etats-Unis et l’Europe sur l’essor de l’économie. Mais il est absolument sûr que cette coopération aura lieu dans l’intérêt tant de l’Amérique que de l’Europe. Objectivement ces pays s’opposent le plan économique. Alors que dans le domaine politique ils doivent être unis et afficher leur disposition à entretenir des liens de partenariat. La combinaison de ces deux aspects déterminera les démarches des parties. »

La future OTAN économique saura-t-elle surmonter les « ligne rouges » de l’Europe ? L’avenir le montrera. T

Source la Voix de la Russie : http://french.ruvr.ru/2013_06_18/Zone-de-libre-echange-avec-des-lignes-rouges-9207/